Qui a peur de la mort? de Nnedi Okorafor

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Quatrième de couverture :

Dans une Afrique post-apocalyptique, la guerre continue de faire rage. Enfant du viol, rejetée par les siens du fait de sa peau et ses cheveux couleur de sable, Onyesonwu porte en elle autant de colère que d’espoir. Seule sa mère ne semble pas étonnée lorsqu’elle se met à développer les prémices d’une magie unique et puissante. Lors de l’un de ses voyages dans le monde des esprits, elle se rend compte qu’une terrible force cherche à lui nuire.
Pour en triompher, elle devra affronter son destin, sa nature, la tradition et comprendre enfin le nom que sa mère lui a donné : Qui a peur de la mort ?

Editeur : Le livre de poche

Nombre de pages : 600

Prix : 8,90€

Date de publication : 19 septembre 2018 pour la présente édition (5 Octobre 2017 pour la première, en France).

Mon Avis :

Sélectionné dans le cadre de la Masse critique d’octobre de Babélio (que je remercie au passage ainsi que les éditions du Livre de poche pour l’envoi du livre), ce roman avait tout me plaire. En effet, il a obtenu deux prix littéraires dont le World Fantasy Award 2011 et le Prix Imaginales 2014, ce qui n’est pas rien! De plus, n’ayant jamais lu de roman SFFF s’inscrivant dans un univers africain, j’ai voulu découvrir ce titre, d’autant plus qu’il détenait des avis dithyrambiques de la plupart de mes amis blogonautes (dont vous trouverez la liste à la fin de cette chronique). Malheureusement, cela n’a pas été le cas pour moi l’ayant même abandonné au bout de 300 pages, soit au milieu. Je vous explique tout en détail après le synopsis.

Onyesonwu dont le nom signifie « Qui a peur de la mort? » est une ewu, une enfant conçue à partir de la violence, née d’un viol. Depuis qu’elle est bébé, sa mère et elle ont l’habitude d’errer dans le désert car leur propre communauté Okeke les a rejeté. Mais lorsqu’elle a six ans, sa vie de nomade s’achève. En effet, le forgeron de la ville de Jwahir qui était veuf, accepte de bien vouloir épouser sa mère. Onyesonwu, pour ne plus connaître l’exil et le rejet, va alors tout faire pour s’intégrer à cette nouvelle société, quitte à pratiquer à ses onze ans et ce, malgré l’interdition de ses parents, le Onzième Rite. Malheureusement, cela ne se passe pas comme elle l’aurait voulu et au cours de la cérémonie, elle montre les premières manifestations d’un pouvoir peu commun…

Comme je vous l’ai dit en introduction, j’ai été déçue par ce roman. Pourtant, cela avait bien commencé, très bien même. En effet, pendant la première partie « Devenir », j’avais tout de suite été plongée dans cet univers original et dépaysant : les noms, les coutumes, les paysages, la vie quotidienne, tout m’invitait au voyage littéraire. De plus, on sait que l’on se situe dans une Afrique un peu différente d’aujourd’hui, probablement plongée dans un futur post-apocalyptique grâce à la présence d’éléments subtils disséminés ça et là dans le récit. L’intrigue était également très bien menée car on débute par la mort de son père adoptif et la manifestation des pouvoirs d’Onyesonwu lors de ses funérailles puis l’on remonte le cours de sa vie : de ses six ans avec l’arrivée à Jwahir et la rencontre avec son père adoptif jusqu’au jour fatidique de ses onze ans lorsque non seulement elle découvre ses premiers pouvoirs mais la révélation des origines de sa conception grâce au récit de sa mère. Nnedi Okorafor profite également de la SFFF pour dénoncer des faits qui gangrènent certaines sociétés africaines au XX-XXIème siècle, notamment l’excision des jeunes filles (pratiquée au cours du Onzième Rite), les enfants soldats enrôlés de force dans l’armée et obligés de commettre des massacres (il s’agit de l’histoire de Mwita, l’amant d’Onyesonwu), les épurations ethniques (le massacre des Okekes par les Nurus n’est pas sans rappelé le Génocide du Rwanda en 1994 entre Hutus et Tutsis), l’utilisation du viol comme crime de guerre (la mère d’Onyesowu a été violée par un Nuru), etc… Ces faits donnent beaucoup d’épaisseur et de consistance au récit.

Puis, à partir de la seconde partie « Élève », le récit n’est pas inintéressant mais se poursuit avec quelques longueurs. Onyesonwu commencent alors à développer ses pouvoirs et a besoin d’un maître pour cela. Celui qui a initié Mwita, le sorcier Aru, serait parfait. Mais, celui-ci refuse sous couvert de prétextes liés à la féminité d’Onyesonwu (en gros, les femmes seraient instables et leur pouvoir destructeur). Cette partie a au moins le mérite de dénoncer le fait que l’accès à l’enseignement serait plus limité aux femmes (du moins, c’est ainsi que je le vois) et montrer le caractère tenace d’Onyesonwu. Malgré les refus d’Aru, elle ne lâche rien.

En revanche, la troisième partie « Guerrière » aura eu raison de ma patience car les clichés et stéréotypes véhiculés par le style du Young Adult m’ont profondément ennuyé. Si à vingt ans, ce style aurait pu me plaire, quinze ans après, ce n’est plus du tout le cas. L’histoire d’une quête, d’une prophétie, d’une Elue et d’une lutte contre un sorcier maléfique sont des sujets éculés pour moi et ce n’est plus du tout ce que je recherche aujourd’hui dans mes lectures. De plus, la caractère d’Onyesonwu ne s’est pas arrangé non plus au fil du récit : si au début, elle peut apparaître tenace et courageuse, elle évolue vers une jeune fille de quinze ans égocentrique (je fais le malheur de toutes les personnes qui m’entourent), impulsive (je fonce dans les ennuis sans réfléchir), colérique (mes amies et mon amant en font souvent les frais) et capricieuse (je fais ce que je veux, qui m’aime me suive!). Et c’est ainsi qu’Onyesonwu finit dans le désert avec ses amies et son amant pour mener à bien sa quête. Cette traversée du désert, je l’ai vécu tellement je me suis ennuyée. Les personnages m’ont insupporté tant ils passaient leur temps à se sauter dessus soit pour copuler, soit pour se battre. Bref, j’ai arrêté là.

En conclusion, quel dommage que ce roman ait évolué ainsi! Profond, dépaysant, intéressant et bien mené dans la première partie, on passe progressivement à un roman Young Adult ennuyeux et stéréotypé dans la troisième. Clairement, je ne suis pas le public cible de ce roman mais je pense, en revanche, que les amateurs du genre vont se régaler.

Autres avis :
Le Bibliocosme (Boudicca) et (Dionysos)
Blackwolf
Celindanae
L’ours inculte
Xapur

24 commentaires

  1. Je l’ai lu il y a un moment maintenant mais j’en garde un bon souvenir : une lecture avec des scènes très rudes (les viols, les excisions…) mais qui ont au moins le mérite de parler de problématiques qu’on voit peu en fantasy. Je comprends cela dit tout à fait ton ressenti sur la dernière partie qui était aussi celle qui m’avait le moins emballée, même si j’ai toujours trouvé l’héroïne sympathique 🙂

    Aimé par 2 personnes

    • L’héroïne pour moi est vraiment le gros point noir du roman mais peut-être évolue-t’elle en mieux dans la seconde partie du roman? En revanche, la première partie était vraiment intéressante et tu as raison, les problématiques sont assez rares en Fantasy pour le signaler!

      Aimé par 1 personne

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