Les chevaliers du Tintamarre de Raphaël Bardas

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Quatrième de couverture : 

Avant d’être héros, chevalier ou prince, il faut savoir lever le coude ! Silas, Morue et Rossignol rêvent d’aventures et de grands faits d’armes tout en vidant chope de bière sur chopé de bière à la taverne du Grand Tintamarre, qu’ils peuvent à peine se payer. Lorsque la fantasque et très inégalitaire cité de Morguepierre, entassée sur les pentes d’un Volcan, devient le théâtre d’enlèvements de jeunes orphelines et voit des marie-morganes s’échouer sur ses plages, les trois compères se retrouvent adoubés par un vieux baron défroqué et chargés de mener l’enquête.
Les voilà lancés sur les traces d’un étrange spadassinge, d’un nain bossu et d’un terrible gargueulard, bien décidés à leur mettre des bâtons dans les roues… et des pains dans la tronche.

Editeur : Mnémos

Nombre de pages : 263

Prix : 19,00€

Date de publication : 21 Février 2020

Mon Avis :

Je ne suis pas très assidue en ce moment sur mon blog et je m’en excuse auprès de celles et ceux qui me suivent et me lisent. Il faut dire qu’avec le contexte actuel, j’ai beaucoup de mal à lire ou à me consacrer à l’écriture des articles de mon blog. Toutefois, je tenais à revenir sur le roman de Raphaël Bardas, l’une des Pépites de l’Imaginaire 2020 qui m’a beaucoup diverti par son humour et son ambiance déjantée. Et à ce titre, je tiens à remercier Estelle et les éditions Mnémos pour ce Service Presse.

Synopsis

Dans les bas fonds de la cité de Morguepierre, trois compères en mal d’aventure, le boucher Silas, le poissonnier Morue et le chanteur Rossignol passent leur temps libre à vider des chopes à l’auberge du Tintamarre et à distribuer des pains à tous ceux qui leur chercherait querelle. Alors qu’un soir, Silas était en train de compter fleurette à la femme d’un bourgeois, il surprend dans la rue deux hommes, un nain et un géant, en train d’enlever une jeune fille. N’étant pas vraiment en position de s’interposer, il n’intervient pas mais retient un indice du nom d’Alessa. Les trois compagnons décident alors d’en savoir plus.
Pendant ce temps, le capitaine Korn et son second Fréjac découvre le corps d’une marie-morgane échouée sur la plage. Cette dernière ne ressemble en rien aux légendes rapportées : au lieu d’une gracieuse jeune fille à la voix mélodieuse et à la queue de poisson, ils se retrouvent au contraire face à une créature plutôt difforme et à l’apparence proche d’un lamantin. Or, ce n’est pas le premier corps qu’ils retrouvent, les deux gardes décident alors eux aussi de mener l’enquête.

Un humour bien développé

Comme je l’ai dit en introduction, ce qui frappe à la lecture des premières pages et ce qui caractérise le roman est l’ambiance complètement déjantée et loufoque.  L’auteur utilise pour cela plusieurs procédés :

  • Le comique de situation notamment lorsque Silas raconte à ses deux compagnons son aventure burlesque chez la femme du bourgeois et l’enlèvement de la jeune femme.
  • Un style d’écriture humoristique et imagé :

Achevant son déplacement guerrier, il lui flanqua un coup de coude à la base de la nuque. Le garde traversa la rue d’un pas brusque et sans élégance, achevant sa course en plantant ses dents dans le rebord d’une fenêtre voisine. Il y constata que la pierre dont elle était faite s’avérait bien plus solide que sa propre denture. Comprenant cela avec la déception d’un enfant découvrant qu’il y avait encore des fayots au dîner, il préféra s’évanouir plutôt que de compter ce qu’il restait dans la bouche. (P. 77-78)

  • La gouaille de ses trois personnages principaux : Silas, Morue et Rossignol sont des personnages issus des couches populaires de Morguepierre. Ils possèdent un langage fleuri assez drôle (dans le cadre duquel l’auteur n’hésite pas à faire du néologisme), préfèrent régler leur problème à coup de poing plutôt que de parlementer et ne s’embarrassent pas des conventions sociales. Ce sont des personnages hauts en couleur, pas toujours très adroits, ni éclairés mais ils sont finalement très sympathiques. Les autres personnages ne sont pas en reste non plus, notamment celui d’Alessa qui ne manque pas de caractère et sait s’imposer parmi la galerie des personnages masculins. C’est une femme déterminée qui sait ce qu’elle veut sans se conformer au rôle que la société veut bien lui imposer.

Un fond relativement classique mais qui réserve quelques surprises

  • L’univers s’inspire du folklore breton : la ville bien qu’elle soit construite sur un volcan est côtière et il semblerait que l’essentiel des activités du quartier dans lequel vivent nos trois compères soit tourné vers la mer. Morue est ainsi poissonnier et a pour caractéristique de ne pas sentir très bon à cause du poisson. De plus, le récit fait intervenir des créatures surnaturelles comme les marie-morgane qui sont des sortes de sirènes. Dans les légendes, elles entraînent les pêcheurs dans les bas-fonds de la mer en usant de leur charme et de leur voix mélodieuse. Dans le roman, au contraire, Raphaël s’approprie le mythe et en propose une nouvelle version, je n’en dirai évidemment pas plus pour ne pas dévoiler une partie de l’intrigue. 
  • La répartition sociale dans le cadre urbain bénéficie en revanche d’un traitement plus classique : en effet, une ségrégation spatiale et verticale divise la société entre les plus pauvres situés sur la côte et les pentes volcaniques tandis que les plus riches habitent des îlots flottants uniquement accessibles par des navettes volantes. 
  • Enfin, l’intrigue est bien menée et relativement équilibrée : s’il est vrai que j’ai eu un peu de mal avec les scènes qui se sont déroulées dans le volcan (c’était un peu WTF!), en revanche, l’enquête possède son lot de rebondissements. Si j’avais soupçonné quelques subterfuges, je dois tout de même bien avouer que j’ai été au contraire plutôt surprise par d’autres révélations. 

En conclusion, Les chevaliers du Tintamarre est un premier roman très réussi, à l’écriture jubilatoire et bourrée d’humour, aux personnages truculents, maladroits mais sympathiques et à l’intrigue pleine de rebondissements. J’avais vraiment besoin de ce genre de lecture en ce moment et sans nul doute que je suivrai avec attention les prochaine parutions de Raphaël Bardas et peut-être aussi le rencontrer aux Imaginales?

Autres avis : 

Le Bibliocosme (Dionysos)

Book en stock (Dup)

Célindanae

L’ours inculte

Ombrebones

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Avec en prime, un petit retour des éditions Mnémos sur les Réseaux Sociaux qui fait bien plaisir!

 

21 commentaires

  1. Je suis content que tu aies aimé aussi !
    Boudicca s’attendait à ce que tu parles de la place des femmes dans le roman, mais comme moi, tu n’as pas l’air d’avoir trouvé grand-chose de choquant. 🙂

    Aimé par 1 personne

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