IGH de James Graham Ballard

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Quatrième de couverture :

Dernier cri du modernisme, l’I.G.H., l’Immeuble de Grande Hauteur, se retrouve sous toutes les latitudes mais cette véritable « ville verticale » capable de se suffire à elle-même est-elle bien comme le proclament les urbanistes la solution miracle au problème de l’habitat ? Est-ce ce que souhaitent les utilisateurs ? Le docteur Robert Laing s’en est laissé persuader après son divorce et s’est installé à trois kilomètres de Londres dans la première tour achevée du complexe de cinq I.G.H. conçu par l’architecte Anthony Royal.
Laing est au vingt-cinquième étage de cette tour qui en compte quarante, Royal est au sommet. Plus important le revenu, plus élevé le niveau, encore que les logements soient si coûteux que même les habitants du bas doivent avoir un certain standing, tel Richard Wilder, producteur de télévision.
Des gens aisés, une ambiance de confort et de luxe mais aussi de tension sous-jacente jusqu’au jour où le millième et dernier logement est vendu, où la « masse critique » est atteinte – et c’est l’explosion, la mise à nu des désirs secrets, le défoulement, le retour à l’état primitif des troglodytes de cette falaise artificielle qu’est l’I.G.H.

Editeur : Folio

Nombre de pages : 688

Prix : 9.20€

Mon Avis :

Avertissement : La Trilogie de Béton regroupe trois romans de J.G. Ballard dont IGH. Cette critique ne concerne donc que ce dernier.

C’est en me baladant sur Allociné, il y a quelques mois que j’ai appris l’existence du film High Rise (titre original du roman IGH) qui sortira au mois d’avril au cinéma. En lisant le synopsis, j’ai trouvé l’idée intéressante et je me suis donc mise en quête de lire le roman.

IGH est le sigle pour Immeuble de Grande Hauteur (High Rise en anglais) et fait référence à un nouvel ensemble urbain qui émerge de terre dans les années 70, dans la banlieue proche de Londres. le prix élevé des appartements réserve cet immeuble à une certaine élite sociale : les premiers niveaux sont donc réservés aux plus « modestes », (le producteur de télévision Wilder vit au deuxième étage avec sa femme et ses deux enfants) et plus, on s’élève dans les étages, plus on grimpe dans la hiérarchie sociale (le Docteur Laing habite au vingt-cinquième) jusqu’à atteindre le sommet au quarantième avec la crème de la crème, l’architecte et créateur de cet univers, Royal. L’IGH est moderne, d’un certain standing et intègre tous les équipements et électro-ménagers dernier cri des années 70. Mais ce paisible paradis ne va pas tarder à verser dans le chaos lorsque les premiers problèmes apparaissent : panne d’électricité, de la climatisation ou d’ascenseur, vide-ordure qui se bouchent, cristallisant ainsi tous les non-dit, les frustrations et les rivalités entre les habitants des différents étages…

La citation « L’homme est un loup pour l’homme » trouve un écho très particulier dans ce roman de science-fiction qui se veut profondément pessimiste, cru, violent et sombre. IGH est court (à peine 200 pages) mais oppressant car il se développe dans un huis-clos malsain : à chaque palier franchi dans l’escalade de la violence, le lecteur se demande si l’auteur peut encore dépasser la frontière de l’horreur et malheureusement, la réponse est toujours positive.

Néanmoins, IGH est aussi un roman que je qualifierais presque de philosophique car il pousse son lecteur à réfléchir sur les notions de progrès, de société et sur la nature humaine.
Ballard souhaite ainsi démontrer que le progrès aurait atteint son point culminant avec l’érection de l’IGH. Franchir cette barrière n’aurait donc que pour seul conséquence la déchéance de l’Homme et le retour à une vie primaire et à ses plus bas instincts dont les seuls leitmotiv ne seraient plus que la recherche du sexe, de la sécurité et de la nourriture pour la perpétuation de l’espèce. Exit la solidarité, la compassion, la recherche du beau et du bonheur, seule les lois du plus fort et de l’instinct de survie ont cours dans cette nouvelle société coupée des conventions sociales de notre civilisation.

IGH est un roman intéressant et bien écrit mais réservé à un public averti. Pour ma part, il m’a mise plusieurs fois mal à l’aise et m’a beaucoup fait penser à American Psycho d’Ellis. De là, à aller voir l’adaptation au cinéma, je ne pense pas que je franchirai le pas, même dans deux mois.

Note 5/5

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