L’anniversaire de Kim Jong-Il d’Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag

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Quatrième de couverture :

« Je suis un jeune de la Corée libérée.
La vie me tient à coeur.
L’espoir en un avenir radieux aussi.
Cependant, ma vie, mon espoir, mon bonheur
valent moins que la patrie. »

Editeur : Delcourt

Nombre de pages : 142

Prix : 17,95€

Mon Avis : 

Cette bande dessinée m’a été présentée lors de mon Club de lecture du mois de novembre. Et je dois dire que la bibliothécaire (elle se reconnaîtra!) nous l’a tellement bien vendu que j’ai dû réserver l’ouvrage pour pouvoir la lire!

Jun Sang est un jeune garçon de huit ans qui vit en Corée du Nord et qui a la particularité d’être né le même jour que le dirigeant de son pays, Kim Jong-Il. Bien formaté par la propagande du régime, prodiguée dans le cadre scolaire, le jeune garçon voit en son chef suprême, le libérateur de son pays et un guide. Mais, le jour où les choses vont de mal en pis, au gré des coupures de courant ou d’un début de famine, les parents de Jun Sang prennent une décision qui va changer la vie du petit garçon de manière radicale.

Je dois bien l’avouer, si j’ai choisi cette bande dessinée, c’est pour en apprendre un peu plus sur ce pays si fermé qu’est la Corée du Nord. Hormis les images de défilés militaires qui veulent en imposer au reste du monde, des démonstrations de force peu réfléchies de leur dirigeant Kim Jong-Il aux camps de travail façon Goulag de l’URSS, ce sont à peu près les seules connaissances que je possède au sujet de ce pays, c’est à dire, pas grand chose. La réalité n’en est que plus effroyable.

A travers le témoignage d’un garçon de huit ans, Aurélien Coudray, journaliste en son état, fait vivre au lecteur, le quotidien d’un petit Coréen du Nord. Cette première partie est d’ailleurs caractérisée par des dessins en couleur, symbolisant l’insouciance et le bonheur de l’enfant.
Dès l’école, Jun Sang est formaté par la propagande : soumis au culte de la personnalité de Kim Jong-Il, l’écolier voit en son leader un guide, un héros qui mènera son pays vers la Liberté. Ce dernier possède d’ailleurs une titulature à faire pâlir d’envie un empereur romain!

Ce culte de la personnalité est tellement poussé à l’extrême qu’il en devient même complètement absurde. Le jeune garçon se voit ainsi punir par sa maîtresse pour avoir osé dessiner son leader suprême! Le plus incroyable est la séquence qui suit :

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Quant au reste de la société, elle est enfermée dans un carcan digne des régimes totalitaires de l’Europe des années 30-40. Elle est maintenue en état de faiblesse par :
une propagande qui rythme la vie des citoyens. Ainsi, les Coréens du Nord sont fortement encouragés à participer aux chants patriotiques appris à l’école, aux défilés militaires ou à la célébration de ses héros tout en haïssant copieusement Coréens du Sud et Américains.
la prédominance de la peur, entretenue par les dénonciations de ses voisins, la présence de forces de l’ordre corrompues, d’emprisonnements arbitraires ou d’exécutions publiques.
le manque des éléments les plus rudimentaires de survie : la nourriture, l’électricité, l’emploi, la liberté d’expression…
l’isolement : les déplacements à l’intérieur du pays sont strictement contrôlés, les frontières hermétiques et une chaîne de télévision accessible, celle du régime.

Attention SPOILER : la partie qui va suivre dévoile quelques éléments de l’intrigue. Si vous ne voulez pas les connaître, rendez-vous directement à la conclusion.

La seconde partie beaucoup plus effroyable pour Jun Sang est en noir et blanc et caractérise sa vie dans un camp de rééducation, à Yodok, près de la frontière chinoise. Le manque de couleurs symbolisent alors la pénurie de nourriture, la pénibilité du travail, la violence des gardiens ou des prisonniers entre eux, la maladie, la présence de la mort, le désespoir et la peur viscérale.

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Fin du SPOILER

En conclusion, la bande dessinée d’Aurélien Ducoudray est une mine d’informations sur la Corée du Nord, l’un des pays les plus fermés au monde. Jun Sang est, certes, un personnage fictif mais les conditions dans lesquelles il tente de survivre sont quant à elles, très réelles et caractérisent le quotidien de millions de Coréens du Nord. Cette bande dessinée est clairement à découvrir : ne vous fiez pas aux dessins qui sembleraient de prime abord naïfs, le contenu possède au contraire une grande puissance émotionnelle et permet à un lecteur non initié de combler quelques lacunes.

Note 4,5/5

10 commentaires

  1. Faut que je la lise, merci pour cette découverte (que je ne qualifierais pas de belle vu le sujet :()

    Si tu ne l’as pas vu, jette une oeil à ce témoignage de Yeonmi Park qui parle de son embrigadement, de son cheminement pour y échapper, et des limites du système :

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