Des éclairs de Jean Echenoz

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Quatrième de couverture : 

Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l’intéresse plus que le profit. Tirant parti de ce trait de caractère, d’autres vont tout lui voler. Pour le distraire et l’occuper, ne lui resteront que la compagnie des éclairs et le théâtre des oiseaux.

Editeur : Les éditions de Minuit

Nombre de pages : 174

Prix : 14,70€

Mon Avis :

En attendant de recevoir Les derniers jours de l’émerveillement de Graham Moore ainsi que son adaptation cinématographique en janvier 2018, The Current War avec Benedict Cumberbatch, j’ai trompé mon impatience en débutant Des éclairs. En effet, tous deux partagent peu ou prou le même sujet : la guerre de l’électricité déclarée à la toute fin du XIXème siècle, aux États-Unis avec d’un côté les adeptes du courant continu (Edison) et de l’autre, ceux du courant alternatif (Westinghouse et Tesla).

Gregor est un génie dont l’esprit de créativité est toujours à l’affut de nouvelles inventions. Gregor aurait pu être riche, immensément riche à l’instar d’un Thomas Edison. Oui mais voilà, Gregor est un lunaire, un rêveur malchanceux, peu affable et pourtant appréciant le mondain, il aime paraître, il aime faire sensation et il agace profondément autant ses amis que ses détracteurs. Négligeant de protéger ses inventions par des brevets, d’autres profiteront de son œuvre prolifique et ce qui lui pend au nez arrivera, Gregor restera dans l’ombre lui qui n’a toujours aspiré qu’à briller !

Des éclairs fait partie d’une trilogie dont les deux autres tomes content de manière romancée les biographies de Ravel (2006) dans son roman éponyme et d’Emile Zatopek dans Courir (2008). Fait surprenant, l’auteur n’a pas donné le nom de Nikola Tesla à son personnage principal alors même que Gregor s’inspire largement de la vie de l’inventeur. J’avoue n’avoir pas saisi la démarche. Il est vrai que Tesla est peu connu aujourd’hui (en dehors d’une unité de mesure qui porte aujourd’hui son nom) : serait-ce un moyen pour Jean Echenoz de dénoncer cette injustice ? En effet, Thomas Edison est célèbre alors même qu’il a usurpé nombre d’inventions de ses pairs tandis que l’inventeur du courant alternatif (sur laquelle fonctionne aujourd’hui tout le réseau électrique moderne), Tesla, est resté dans l’ombre. Quelle cruelle ironie !

Ce qui caractérise également le roman de Jean Echenoz est son style littéraire : sarcastique et ironique, l’auteur prend beaucoup de distance par rapport à son personnage. Le ton est décalé et résolument teinté d’humour. Lire ce roman est un vrai régal et je ne peux m’empêcher de partager une citation :

De telles venues au monde risquant de vous rendre nerveux, son caractère se dessine vite : ombrageux, méprisant, susceptible, cassant, Gregor se révèle précocement antipathique. Il se fait tôt remarquer par des caprices, des colères, des mutismes, des fugues et des initiatives intempestives, destructions, bris d’objets, sabotages et autres dégâts. Sans doute pour régler cette question du temps qui  paraît tenir à coeur, il entreprend ainsi dès qu’il peut de démonter toutes les horloges, pendules et montres de la maison – certes pour tenter de les remonter ensuite mais observant alors non sans rage que, si la première étape de ces opération marche toujours, le succès de la seconde est beaucoup plus rare. (p. 11)

En conclusion, Des éclairs est un roman drôle et intéressant dans le sens où il permet de mieux cerner la personnalité de Nikola Tesla (euh pardon !) Gregor et de le rendre presque attachant. Pourtant la tâche n’est pas évidente car l’inventeur semblait avoir une personnalité atypique, loin d’être commode ou sympathique même aux yeux de ses contemporains.

Pour la petite anecdote, je voulais revenir sur la renommée de Tesla. S’il est vrai qu’il est méconnu aujourd’hui, en revanche, il semblerait que ce ne soit pas le cas dans la fiction ou dans le domaine de  l’Imaginaire ! En effet, il apparaît dans plusieurs comics comme S.H.I.E.L.D. ou Superman. Dans ce dernier, il est l’un des premiers ennemis du superhéros. Dépeint comme un savant fou, il serait l’inventeur d’un rayon de la mort. Enfin, au cinéma, c’est David Bowie qui l’incarne dans le film Le Prestige de Christopher Nolan, sorti en 2006.

10 commentaires

  1. Oh est Tesla a apparaît aussi dans des animé, et surtout dans Sanctuary, un série de SF. Un personnage qui était a priori charismatique.

    Je sui curieuse de voir ton avis sur le Graham Moore que tu attends. RT puet-être que je pencherais sur Des éclairs/

    Merci!

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