Le dernier HYVER de Fabrice Papillon

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Quatrième de couverture : 

Août 415 après J-C. : La ville d’Alexandrie s’assoupit dans une odeur âcre de chair brûlée. Hypatie, philosophe et mathématicienne d’exception, vient d’être massacrée dans la rue par des hommes en furie, et ses membres en lambeaux se consument dans un brasier avec l’ensemble de ses écrits. Cet assassinat sauvage amorce un engrenage terrifiant qui, à travers les lieux et les époques, sème la mort sur son passage.
Inéluctablement se relaient ceux qui, dans le sillage d’Hypatie, poursuivent son grand oeuvre et visent à accomplir son dessein. Juillet 2018 : Marie, jeune biologiste, stagiaire à la police scientifique, se trouve confrontée à une succession de meurtres effroyables, aux côtés de Marc Brunier, homme étrange et commandant de police de la  » crim  » du Quai des Orfèvres. Peu à peu, l’étudiante découvre que sa propre vie entre en résonance avec ces meurtres.

Editeur : Belfond

Nombre de pages : 612

Prix : 21,90€

Mon Avis : 

La présence d’un de mes personnages historiques préférés dans ce roman, Hypatie d’Alexandrie, m’a immédiatement décidé à accepter le service presse proposé par les Éditions Belfond (je les remercie d’ailleurs au passage ainsi que l’auteur pour la dédicace). Malheureusement, si ma lecture a été globalement agréable, je dois bien avouer que certains aspects m’ont quelque peu agacé…

Au début du Vème siècle après J.-C., la philosophe et mathématicienne Hypatie est violemement exécutée par des fanatiques chrétiens. Son ancien élève et évêque de Cyrénaïque (la Libye actuelle), Synesios part immédiatement pour Alexandrie. Il a en tête de récupérer un précieux manuscrit écrit par la scientifique en personne afin de le transmettre aux générations futures.
Durant l’été 2018, Marie Duchesne effectue un stage au 36 Quai des Orfèvres. Elle ne tarde pas à être confrontée à une horrible affaire : les restes brulés d’une jeune femme ont été retrouvés de manière spectaculaire dans un magasin huppé de Paris. Les intuitions de Marie se révèlent alors rapidement utiles pour le déroulement de l’enquête…

Je qualifierais Le dernier HYVER de thriller historico-dystopique. En effet, l’intrigue alterne entre un futur proche dont le point de rupture se situe à l’été 2018 et la succession de périodes historiques allant de l’Antiquité à nos jours.
J’ai d’ailleurs été très impressionnée par le travail de recherche extrêmement minutieux et exhaustif de la part de l’auteur. La bibliographie présente à la fin du roman le démontre pour les parties historiques : concernant Hypatie, l’ouvrage de Maria Dzielska est le meilleur en la matière (en revanche, je suis plus circonspecte quant à l’utilité de celui d’Olivier Godefroy). Pour les autres périodes, notamment la Renaissance italienne, l’utilisation de la biographie de Léonard de Vinci par Serge Branly me paraît pleine de bon sens. En revanche, pour les périodes plus tardives, je ne serais pas aussi affirmative car je les connais moins. Les autres domaines scientifiques comme la médecine, la biologie ou le travail des officiers de police et des ingénieurs semblent avoir profité de la même précision et érudition. En témoignent les remerciements de Fabrice Papillon aux spécialistes, à la fin du roman.

J’ai également beaucoup apprécié le style d’écriture qui s’est révélée être non seulement d’un haut niveau mais très fluide. Quant à l’intrigue, elle est haletante, sans véritable temps mort malgré les six cent pages de ce roman. L’alternance entre les périodes historiques et contemporaines participent aussi à cette dynamique.

Cette précision dans les descriptions et la succession d’évènements menés tambour battant rappellent le style d’un autre auteur de thrillers ésotériques : Dan Brown. Cela est assez amusant car Fabrice Papillon fait deux fois références à l’auteur américain en se moquant gentiment : une fois par la référence aux lectures de la policière Estelle Chomet et la seconde lors de la rencontre d’Elizabeth Duchesne avec le fameux auteur dans l’église écossaise de Roslin, en 1997. Et justement, ce sont à cause de ces ressemblances avec le style de Dan Brown que le bât blesse. Pour ma part, je goûte fort peu aux théories développées dans ses romans notamment sur la descendance du Christ dans le DaVinci Code. Je les trouve au mieux farfelues, au pire, elles s’apparentent à des élucubrations. Et à la lecture du Dernier HYVER, je n’ai pas pu m’empêcher de lever parfois les yeux au ciel. L’évolution du récit vers des considérations ésotériques telles que l’alchimie m’ont vraiment exaspéré. Je crois que le point d’orgue a été l’initiation de la Reine Elizabeth 1ère par John Dee : à ce moment, je me suis dite que c’était n’importe quoi.

Un autre point aussi m’a agacé : la théorie féministe du roman. En effet, selon les personnages, les Femmes seraient moins aptes à la violence que les Hommes. Les arguments évoqués sont par exemple la prédominance de dictateurs de sexe masculin dans le monde ou les guerres exclusivement menées par des Hommes. Or, ce serait oublié que la gent féminine aussi peut s’y adonner : certaines femmes SS dans des camps de concentration se sont montrées par exemple aussi violentes que leurs homologues masculins ou des femmes de dictateurs comme Elena Ceausescu ou Simone Gbagbo n’ont rien eu à envier à leur époux.

En conclusion, Le Dernier Hyver a été une lecture plaisante par sa fluidité, son dynamisme et son exhaustivité. J’aime ces auteurs qui portent par le haut leur lecteur en distillant dans le récit des informations propres à leur apporter des connaissances. En revanche, il est nécessaire aussi de prendre du recul et de faire attention aux évolutions plus rocambolesques du récit notamment vers l’ésotérisme ou l’alchimie pas toujours de très bon goût. Si certains lecteurs ne sont pas dérangés par cet aspect et ont adoré les romans de Dan Brown, je leur conseille évidemment de lire ce roman.

16 commentaires

  1. Ah oui « thriller historico-dystopique » c’est intense comme genre ^^ ! Hypathie je me suis intéressée à elle après l’excellent Agora, alors j’avoue que ce livre me rend carrément curieuse… Merci pour la découverte!

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  2. Dès la lecture de ton avis, je me suis précipité pour noter la référence biographique de Maria Dzielska. Mathématicienne, martyr de la science face à l’aveuglement religieux, antiquité, cette femme a tout pour me plaire. As-tu vu le film Agora dont Hypathie est le personnage principal? C’est en le voyant que j’ai vraiment compris que l’avènement du christianisme au pouvoir signifiait la fin de la tolérance antique.
    Le livre dont tu parles me rappelle La Parole Perdue, de Frédéric Lenoir et Violette Cabessos. Là aussi l’époque romaine offre le fond à des meurtres contemporains. Et là aussi on trouvait une dérive « magique » malvenue (le reste étant plutôt bien fichu).
    Merci pour cette critique dont le dernier paragraphe efface un peu l’envie de le lire. Dommage.

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    • Oui, c’est la partie ésotérique qui m’a beaucoup géné. En revanche, le passage sur Hypathie est plutôt bien documenté. Le Dzielska est l’un de mes livres d’histoire préféré. Il est excellentissime! Je te le conseille donc. Et oui, justement j’ai connu ce personnage grâce à Agora. Du coup, j’ai tout voulu savoir sur elle et j’ai lu pas mal de choses. Le Godefroy est à éviter mais le Dzielska est vraiment très très bon! Il faudrait d’ailleurs que je le relise et que j’en fasse une chronique digne de ce nom sur mon blog!

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  3. Mince ! Moi qui pensait que cela allait être un véritable coup de coeur pour toi ! (sujet oblige)
    😉
    Tu mets bien en avant tous ses points positifs et on devine malgré tout un bon livre et une belle écriture. Je ne serais pas sans le découvrir… pour me faire une idée ! 😉

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  4. Argh ! J’ai été, comme beaucoup, frappé par Agora, et du coup un livre qui met en vedette le personnage d’Hypatie m’aurait intéressé. Mais par contre, je suis comme toi, le côté ésotérique va clairement me sortir du récit. Dommage. En tout cas, merci pour cette critique, d’autant plus précieuse qu’elle émane de quelqu’un qui connaît bien le sujet.

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  5. Hypathie ❤

    Ta lecture rejoint un peu ce qui a péché pour moi dans "le mystère jérôme bosch". A croire que les thrillers historiques ne peuvent s'empêcher de saupoudrer leurs récit de théories plus ou moins étranges… Celui là n'était pas au niveau de wtf d'un Dan Brown, mais bon c'est quand même fort dommage 😦

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