La peau dure de Raymond Guérin

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Quatrième de couverture : 

La peau dure, c’est un roman à trois voix. Celles de trois soeurs : Clara, Jacquotte et Louison. Trois femmes fragiles, ballottées dans un monde trop grand pour elles, trop cruel aussi, un monde régi par les hommes. La peau dure, c’est un roman extrêmement social, voire même ouvertement féministe. En cela, près de soixante-dix ans après sa première publication, il conserve une grande modernité; une résonance certaine avec notre société contemporaine.
La peau dure, c’est un véritable plaidoyer, âpre et cinglant, pour la cause des petits, des faibles, des laissés-pour-compte.

Editeur : Finitude

Nombre de pages : 128

Prix : 14,50€

Date de sortie : 19 Octobre 2017 pour la présente édition (1948 pour la première)

Mon Avis : 

C’est mon club de lecture du mois de novembre qui m’a présenté cette réédition récente d’un livre sorti en 1948, La peau dure de Raymond Guérin. On était deux sur le coup, mais avec mon amie du Club de lecture (elle se reconnaîtra!), on s’est arrangé pour que je le lise rapidement et que je le lui passe après. J’ai beaucoup pensé aussi à Dixie39, durant ma lecture et si je ne me trompe pas, ce livre devrait lui plaire! (Comment ça, je suis une tentatrice? Meeeeuh non, pas du tout!).

La peau dure est le récit de trois jeunes sœurs dans la France des années 40 : Clara, Jacquotte et Louison. Malheureusement, elle n’ont pas eu la vie facile : encore adolescentes pendant la Guerre, leur mère meurt de maladie. Leur père qui s’est remis en concubinage avec une autre femme peu de temps après, estime alors qu’il a trop de bouches à nourrir. Il décide d’envoyer ses trois filles aînées, en Allemagne pour participer aux STO (Service du Travail Obligatoire), sans leur demander leur avis. A la Libération et de retour en France, les trois sœurs décident de reprendre leur vie en main, chacune à leur manière…

Le livre est divisé en trois parties dont chacune se fait l’écho des trois sœurs. Le point de vue adopté est interne, ce qui permet au lecteur de se sentir proche d’elles, voire d’être leur confident. A la lecture du style, on sent que ce sont des femmes issues d’un milieu modeste et qui n’ont pas eu la chance de bénéficier d’une éducation : elles usent d’un vocabulaire argotique, font des phrases courtes et peu élaborées, ne comprennent pas certains termes utilisés par leur employeur (comme Clara avec le mot « coma »), etc… Mais ce sont des femmes courageuses qui se battent contre les mauvaises fortunes de leur condition et les carcans imposés par la société.

En cela, La peau dure est ouvertement féministe et dénonce les affronts faits aux femmes :
L’avortement ou le droit refusé aus femmes de disposer de leur propre corps : Clara se fait ainsi arrêter par la police car elle a été dénoncée pour s’être faite avortée quelques années auparavant. En effet, en 1942, le gouvernement de Vichy avait fait de l’interruption de grossesse, un crime et la peine encourue était la condamnation à mort. (Pour rappel, l’avortement ne sera dépénalisé qu’en 1975 grâce à la Loi Veil).
Le divorce : Jacquotte a toujours eu une santé fragile et lorsque son mari Henri se rend compte que les soins coûtent trop chers, il demande le divorce ainsi que la garde de leur fille, Marie-Ange. Le juge se prononce en faveur du mari, laissant Jacquotte sans ressources.
Les violences faites aux femmes : Jacquotte, après son divorce s’est trouvé un nouveau protecteur en la personne de François, son employeur. Or, il s’avère que ce dernier n’a pas la main leste…
L’émancipation sexuelle : au contraire de Clara qui a choisi le travail pour s’émanciper ou Jacquotte, le mariage, Louison quant à elle, préfère la voie de l’illégalité. En effet, son amant Jo l’entraîne alors dans ses combines du marché noir. Et la jeune femme, follement amoureuse, ne tarde pas à tomber dans les affres de l’alcool, puis de la violence…

En conclusion, trois sœurs et trois choix de vies. La société de la France des années 40 demeure encore défavorable aux femmes et les place de fait dans un statut inférieure aux hommes. Pourtant, Clara, Jacquotte et Louison essayeront toutes de prendre leur vie en main et de se battre. La peau dure est un roman implacable, âpre mais ô combien moderne dans son discours féministe! Bref, un petit coup de coeur!

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7 commentaires

  1. Oui ! Tu es une vile tentatrice ! 😉
    Je le note. J’aime ce genre de récit qui met en lumière la condition des femmes (passée, présente et future), les combats menés pour l’émancipation et la reconnaissance de droits, qui ne sont en fin de compte, que luttes pour la simple équité et justice.
    Les droits de l’Homme s’écrivent avec un H majuscule… peu importe le genre de l’humain dont il est question. 😉

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