La malédiction des Médicis, T.1 de Patrick Pesnot

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Quatrième de couverture :

1492. La foudre s’abat sur Florence. Savonarole, le moine fanatique, a vu le glaive de Dieu déchirer le ciel toscan. La ville expie pour les péchés du Magnifique. Lorenzo se meurt. Le premier des Florentins se retourne une dernière fois sur son flamboyant passé. Maître de la ville-lumière de son époque, il revoit les êtres qui ont peuplé son existence : ses ancêtres qui ont contribué à le hisser au faîte du pouvoir, ses ennemis qu’il a affrontés l’épée à la main, le pape qui a tenté de le faire assassiner, les illustres peintres, sculpteurs, poètes et philosophes, amis et protégés, qui ont fait de Florence un joyau incomparable.
Et les femmes, qu’il a aimées avec autant de fureur que de tendresse. Muses et amantes. Les plus humbles comme les plus célèbres. Lucrezia, Simonetta, Bartolomea… Le Magnifique ferme les yeux. Pourquoi meurt-il si tôt ? Nul ne pourra effacer la trace du plus grand mécène de tous les temps, l’homme qui a inventé la Renaissance.

Editeur : Archipoche

Nombre de pages : 384

Prix : 7,80€

Date de publication : 12 septembre 2018

Mon Avis :

Mon amour pour la Renaissance italienne n’est plus un secret et si plusieurs personnages historiques remportent mes suffrages pendant cette période à l’instar de Léonard de Vinci, Sandro Botticelli, Nicolas Machiavel, Cosme de Médicis, je ne suis pas insensible au petit-fils de ce dernier : Laurent le Magnifique. Raison pour laquelle, j’ai choisi ce roman lors de la dernière Masse critique : je remercie donc Babélio et les éditions Archipoche pour leur confiance d’autant plus que cette lecture s’est révélée être un coup de coeur!

En 1492, Lorenzo Médici sent la mort arriver. Atteint de la goutte comme l’ont été son grand père Cosimo et son père Piero  – la malédiction des Médici – il se remémore sa vie. Très tôt doté d’une éducation raffinée, d’un esprit fin, d’un sens politique aiguisé et d’une redoutable intelligence grâce à son grand-père en qui il voyait un modèle, Lorenzo se doit d’être à la hauteur et œuvrer pour le prestige de sa famille, après la mort de son père en 1469. Car si les Maîtres de Florence bénéficient d’une grande popularité auprès du peuple de la cité du Lys, ils attirent aussi la jalousie et l’inimitié des grandes familles aristocratiques. Ces derniers ne voient en Lorenzo et son frère Giuliano que des parvenus dont la richesse issue du commerce et de la banque ne saurait faire d’eux leurs égaux. L’heure n’est alors plus aux alliances matrimoniales et à la Paix, Lorenzo devra déjouer complots et intrigues pour protéger sa famille et maintenir son rang.

J’ai lu un grand nombre de romans historiques sur cette période et je dois dire qu’avec la superbe trilogie de Sophie Chauveau sur les trois peintres emblématiques de le Renaissance, à Florence (Lippi, Botticelli et De Vinci), ce premier tome dédié à Laurent le Magnifique tient aussi le haut du pavé. Doté d’une écriture fluide, la plume de Patrick Pesnot est particulièrement immersive en raison de détails qui fourmillent dans le texte. Le lecteur ne suit pas l’histoire, il la vit! La scène qui m’a d’ailleurs particulièrement marqué est celle du Palio, le 24 juin 1456, au début du roman car elle fait appel à trois sens (odorat, vue et ouïe). Lorenzo a sept ans et accompagne son grand-père dans les rues animées et festives de Florence :

Le parfum des brassées de fleurs jetées à même la chaussée avait repoussé les miasmes de la ville : puanteur des tanneries, odeurs acides des teintureries, relents d’immondices. Les maisons, les palazzi [palais] étaient décorés de guirlandes ou arboraient les bannières des propriétaires mêlées à celles de Florence, lys blancs sur fond rouge, lys rouges sur fond blanc. Une foule joyeuse et bruyante se pressait dans les ruelles. Des courtisanes largement dépoitraillées côtoyaient des femmes honnêtes, des larrons déguenillés marchaient de conserve avec des artisans endimanchés, des contadine [paysannes] en cotte de gros drap riaient aux plaisanteries lestes de jeunes artistes échappés de leur bottege [atelier]. Parfois, il fallait s’écarter pour laisser passer une voiture ou un homme à cheval. Des lazzis fusaient alors de la foule. Mais il n’y avait nulle méchanceté dans ces cris et moqueries. Ce 24 juin était le jour du Palio et les Florentins n’aimaient rien tant que s’amuser dès qu’ils abandonnaient leur commerce et leur industrie. (P. 31-32).

Et tout le roman se caractérise ainsi : précis et formidablement bien documenté. L’emploi de mots dans la langue de Dante, les noms originaux comme Lorenzo pour Laurent, Cosimo pour Cosme, Giuliano pour Julien participent aussi à cette exhaustivité et à cette immersion. De plus, contrairement à la bande dessinée sur les Médicis que j’ai lu il y a peu de temps, les évènements historiques sont respectés dans les moindres détails, notamment lors de la Conjuration des Pazzi, en 1478. Après, je peux chipoter en disant qu’il n’y a pas de preuves que Lorenzo ait eu une relation avec Simonetta Vespucci, la muse de Giuliano et de Botticelli (notamment représentée dans La naissance de Vénus) mais qu’importe!

Quant au personnage de Lorenzo justement, s’il est présenté de manière très favorable notamment au travers de ses qualités intellectuelles, son raffinement, sa prestance, son charme malgré son physique ingrat, son portrait est également nuancé, ce qui le rend d’autant plus humain. Aussi, la part d’ombre du personnage est exploitée au travers de son comportement vis à vis des femmes qu’elles soient fictives (son esclave circassienne Chamyla) ou ayant bien existées comme sa maîtresse Lucrezia Donati. Le massacre relaté de la ville toscane de Volterra, en 1472 fait également partie de la légende noire du célèbre florentin.

En conclusion, ce premier tome consacré à Lorenzo Medici est une véritable réussite. Précis, bien documenté, doté d’une écriture fluide, il rend parfaitement compte de la vie quotidienne à Florence au XVème siècle, ses mœurs, ses relations économique, politique et diplomatique pourtant complexes avec les autres cités de Toscane (Volterra), de l’Italie (Rome, Milan, Gènes, etc…) et des autres royaumes (Naples, France, Empire Ottoman, etc…). Sans nul doute, je lirai les autres tomes au gré de leur parution en poche.

2 commentaires

  1. Tiens, je ne suis pas surprise de te voir lire ce Médicis. C’est vrai que je suis bien tentée de le lire, surtout que tu le recommande chaudement. Je ne sais pas si je franchirai le pas… Ma PAL est énorme.

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