Et tu la nommeras Kiev d’Olivier Boile

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Quatrième de couverture :

Preux chevaliers de la Sainte Russie, sorcières moscovites, nymphes des eaux, cosaques post-apocalyptiques, super-héros soviétiques, voici un panel des personnages que l’on croisera dans les pages de ce nouveau recueil d’Olivier Boile.

Editeur : Nestiveqnen

Nombre de pages : 250

Prix : 19,00€

Date de publication : 20 septembre 2018

Mon Avis :

J’ai connu Olivier Boile sur Babélio sous le pseudonyme d’Oliv. Ce qui m’avait tout de suite plu chez lui, c’était ses connaissances pointues en littérature de l’imaginaire et ses commentaires toujours à propos. Je savais également qu’il écrivait, notamment grâce à la chronique élogieuse d’Apophis sur son roman Nadejda, paru en 2017. Aussi, quand j’ai vu passé un financement participatif sur les réseaux sociaux pour la parution de son recueil de nouvelles Et tu la nommeras Kiev, je me suis lancée sans me poser de questions !

Dans ce recueil, Olivier Boile a réuni dix-huit nouvelles d’inspiration russe qui relèvent soit de réécriture de contes du folklore traditionnel, soit d’une réponse à un appel à textes proposé par des maisons d’édition ou simplement d’une soudaine envie d’écriture. La plupart d’entre elles ont été écrites dans les années 2000 et ont été remaniées par la suite ou adaptées afin qu’elles s’inscrivent dans un contexte plus « russe ». Les nouvelles possèdent également un décor historique diversifié : il me semble qu’Olivier Boile possède une formation d’historien ; c’est pourquoi, il a ainsi logiquement situé ses nouvelles dans des époques différentes que ce soit dans l’Antiquité (Les fils du héros), le Moyen Age (Que jeunesse se passe), l’époque moderne (Les pies de la Place Rouge) ou même dans une période plus contemporaine (Le dernier défi de Capitaine Soviet). Enfin, chaque nouvelle est accompagnée à la fin d’une note de l’auteur qui éclaire son lecteur sur le contexte d’écriture. Neuf illustrations de Pierre Droal complètent ce tableau.

Mes connaissances sur le folklore russe se limitent malheureusement à la lecture de quelques contes comme La fille du roi des mers ou L’oiseau de feu dont les illustrations magnifiques dans des albums pour enfants avaient tout de suite attiré mon regard dans le cadre de déclassements de bibliothèques. Aussi, ma plongée dans ce recueil a été un véritable dépaysement, ce que je recherche actuellement de plus en plus dans mes lectures en Littérature de l’Imaginaire. J’ai tout d’abord aimé la plume agréable et fluide de l’auteur. L’emploi d’un vocabulaire spécifique comme des fonctions (boyard ou bogatyr), des villes (Kiev, Novgorod, etc…) des peuplades (Tatars, Slaves, Byzantins, etc…) ou l’apparition de créatures surnaturelles (Baba Yaga, la Roussalka, etc…) ajoutent une note originale au récit.

J’ai également apprécié sa sincérité intellectuelle : à plusieurs reprises, dans ses notes présentes à la fin de chaque nouvelle, il n’hésite pas à dire que l’idée originale d’un texte n’est pas de lui mais inspiré de la lecture d’un conte dont il a oublié le nom.  De même, si j’ai regretté que certaines chûtes de nouvelles se terminent un peu à plat sans twist, l’auteur l’avoue, ce n’est pas ce qui l’intéresse le plus dans le format court.

Enfin, comme toujours dans un recueil, il y a toujours des textes pour lesquels le lecteur se sent plus concerné que d’autres et cela a été le cas pour moi. Pour exemple, j’ai adoré Que jeunesse se passe : à l’origine, il s’agit d’une nouvelle de fantasy qu’Olivier a adapté pour qu’elle colle à la thématique russe du recueil. Ainsi, l’auteur offre un axe de réflexion intéressant sur l’évolution de la personnalité et des valeurs d’un individu au gré des vicissitudes de sa vie. J’ai également beaucoup aimé la nouvelle Nadejda, premier jet de son roman éponyme. Si l’agencement des péripéties est parfois un peu maladroit me faisant perdre le fil du récit par moment, j’ai en revanche beaucoup apprécié l’idée principale et le souffle épique de la nouvelle. Surtout, dans sa note de fin, Olivier Boile énonce clairement que son roman est aujourd’hui complètement différent de ce texte, ce qui a évidemment attisé ma curiosité.

En conclusion, j’ai passé un moment très agréable avec ce recueil : les dix-huit nouvelles dépaysantes et originales se caractérisent par leur diversité. Sans nul doute, chacune trouvera son propre lecteur. En attendant, Olivier Boile a su me convaincre grâce à sa plume et je lirai probablement son autre roman, Nadejda.

11 commentaires

  1. (merci pour le lien)

    J’ai beaucoup de respect pour Olivier, car c’est, comme tu le soulignes, quelqu’un d’une grande érudition, à l’écriture très agréable, et qui refuse de se laisser enfermer dans le carcan traditionnel de la Fantasy d’inspiration médiévale et européenne. J’ai moi aussi participé au financement participatif de ce recueil, et suite à ton avis, j’ai d’autant plus hâte de le lire. Merci pour ta critique !

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  2. Une critique très sympa qui ne peut que plaire à l’auteur du recueil ! Merci pour ta lecture, ainsi que pour avoir accordé ta confiance à ce projet en participant au financement.
    Juste une petite précision : je ne possède pas de formation d’historien à proprement parler, n’ayant pas suivi d’études dans ce domaine… Par contre je dévore des livres d’Histoire depuis tout petit, c’est une passion qui ne m’a jamais lâché. On peut dire qu’en tant que lecteur j’ai un double cursus Histoire / SFFF (Fantasy en premier lieu), caractéristique que l’on retrouve fatalement dans la plupart de mes écrits.
    J’espère que tu auras l’occasion de lire « Nadejda » et que tu l’apprécieras autant, sinon plus, que « Et tu la nommeras Kiev »…

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    • Bonjour Olivier, merci d’être passé sur mon blog, cela me fait très plaisir! Pour tes connaissances en histoire, je vais corriger et mettre plutôt autodidacte en Histoire, cela me semble plus juste. Je ne sais pas pourquoi, j’avais cru que tu étais historien de formation. Pour Nadejda, j’ai l’intention de l’acheter le mois prochain en même temps que L’ours et le rossignol. J’aurais une thématique russe, comme ça! 😉

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      • Disons que je passe parfois sur le blog, mais en général c’est vrai que je me contente de lire tes critiques sur Babelio. Là c’était l’occasion de laisser un petit mot !
        Tu fais bien de rappeler que « L’Ours et le Rossignol » vient de paraître : les romans de SFFF inspirés par la Russie sont trop rares, je l’avais donc repéré… mais en y regardant de plus près j’ai un peu peur qu’il ne soit pas tout à fait à mon goût (premier tome d’une trilogie, héroïne adolescente…) Je me déciderai sans doute en fonction de certaines critiques, dont la tienne !

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  3. Ah Olivier et l’Histoire, c’est une…grande histoire :’D haha ! Pardon… Hum… donc… Avec sa nouvelle (la vases de Soisson) dans l’Anthologie Malédiction et son livre Nadejda que j’avais eu la chance de chroniquer suite à un partenariat Masse critique, les connaissances historiques et sa capacité à les mettre en contexte Fantasy ou Fantastique n’est plus à démontrer. Ayant déjà lu Nadejda je me doute plus ou moins de ce que contiendra « Et tu la nommeras Kiev », et ça doit être du bon. Ton avis ne fait que confirmer cela.

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