Gloria victis (T.1) de Juanra Fernandez, Mateo Guerrero et Javi Montes

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Quatrième de couverture : 

Il y eut une époque où certains mortels devinrent des dieux. A cette époque, il y a deux mille ans, des hommes devinrent des légendes en risquant leur vie pour divertir les foules. Des auriges mythiques qui, juchés sur leurs chars et imitant Apollon, s’affrontaient dans l’arène. C’est l’histoire de l’un de ces héros: Aelio Hermeros, peut-être l’un des meilleurs pilotes de char de tous les temps. Un mortel immortalisé dans la mémoire de ceux qui le virent courir, qui furent témoins de ses défaites, de ses victoires, de son sang versé et surtout de sa gloire.

Editeur : Le Lombard

Nombre de pages : 56

Prix : 13,99€

Date de publication : 31 Octobre 2014

Mon Avis :

J’ai découvert cette bande dessinée par hasard dans une librairie de Toulouse, au mois d’avril en cherchant le tome 4 des Médicis d’Olivier Pérù. Les dessins aux couleurs chatoyantes et les reconstitutions soignées des bâtiments et costumes romains m’avaient immédiatement convaincue de la prendre. Bien qu’il n’était pas du tout prévu que je la lise au mois de juin et encore moins que je vous en fasse la chronique, j’ai tellement été séduite par ce premier tome que je n’ai pas résisté à l’envie de vous la faire découvrir.

La petite ville provinciale d’Ilici, située en Ibérie (Espagne) est en effervescence en ce jour de 909 après la fondation de Rome (156 après J.-C.). Elle s’apprête en effet à célébrer une course de char mythique au Cirque qui réunira quatre auriges talentueux : Diocles, Aelio Hermeros, Victor et son fils. Malheureusement, les choses ne vont pas se dérouler comme prévues.  Victor pétri d’ambition va tout tenter pour gagner la course et ses manœuvres peu recommandables vont tourner à la catastrophe. Il cause alors un naufragium, c’est-à-dire un accident de chars provoquant sa mort et celle d’Aelio Hermeros. Dans la foule, c’est l’effroi mais surtout le jeune fils de ce dernier assiste impuissant à la mort de son père. Douze ans plus tard, le jeune garçon Aelio Hermeros est devenu un esclave municipal dans la cité de Valeria. Or, sa vie va de nouveau être bouleversée lorsqu’il sauve une matrone et sa jolie esclave de la mort, leur char emporté par un cheval emballé…

A la fin de ce premier tome, l’auteure Juanra Fernandez explique comment lui est venue l’idée d’écrire le scénario de cette bande dessinée et j’ai trouvé l’histoire plutôt touchante. En effet, alors qu’elle se promenait au musée archéologique de Cuenca (sur le site antique de Valeria), elle est tombée sur la stèle funéraire d’un aurige prénommé Aelio Hermeros, mort d’un accident de char à l’âge de trente-trois ans. Ce principe de reprendre des épitaphes de stèles funéraires romaines n’est pas une nouveauté pour moi car Blandine Le Caillet l’avait fait pour son recueil de nouvelles, Dix rêves de pierre. Et j’adore cette idée de redonner vie à une personne dont la seule trace de son passage sur terre est quelques lignes sculptées par un lapidaire. Certes, nous avons très peu d’éléments biographiques (souvent un nom ou éventuellement celui d’un d’un proche, l’âge et parfois la cause de la mort) mais cela laisse place à l’imagination.

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La bande dessinée est plutôt bien écrite, l’intrigue est intéressante et les personnages bien développés. Les auteurs ont fait un important travail de documentation que ce soit au niveau de la recherche des costumes, de la reconstitution de Valeria (mention spéciale d’ailleurs à la vue aérienne de la cité) et à l’organisation sociale. L’esclavage est d’ailleurs le thème dominant de ce tome et est plutôt bien traité car à travers différents personnages, il montre plusieurs cas de figures :
– Romulus s’est ruiné en pariant sur Diocles et Aelio mais Caius Gratius Nigrinus lui a évité les galères en lui rachetant sa dette et en faisant de lui son esclave domestique. Il est un servus qualifié et bénéficie d’une place enviable au sein du foyer.
– Fabia, une autre esclave est quant à elle soumise aux caprices de sa maîtresse ou aux assiduités de son maître et assume les tâches subalternes.
– Aelio Hermeros, après la mort de ses parents, est devenu un esclave public au service de la Commune de Valeria. Comme Caius Gratius Nigrinus fait partie de la Curie de Valeria (l’équivalent de notre conseil municipal), il l’affranchit pour qu’il travaille ensuite à son service. J’avoue que pour cet aspect-là, j’ai quelques doutes et malgré mes recherches, je n’ai pas réussi ni à confirmer cela, ni à l’infirmer. J’ai juste pu lire que les esclaves publics étaient en général très qualifiés et qu’ils arrivaient par eux-mêmes à racheter leur propre liberté. Mais, j’ignore si l’affranchissement par un membre de la curie était possible surtout pour son propre compte.

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Enfin, j’aurais juste un petit bémol à formuler à propos de l’édition de la bande dessinée et de son impression. En effet, il se trouve qu’une dizaine de pages de l’album ont été mal imprimées et certains dessins se sont ainsi retrouvés « dédoublés ». Je trouve cela vraiment regrettable car non seulement c’est très désagréable à regarder (les dessins sont flous) et pour une bande dessinée à 13,99€…

En conclusion, ce premier tome de Gloria victis est une agréable surprise grâce à une intrigue intéressante, des personnages variés et développés ou des dessins qui reconstituent bien la vie à l’époque romaine que ce soit dans la ville d’Ilici ou celle de Valeria. Je continuerai donc avec grand plaisir avec la suite de la tétralogie.

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