Grand siècle, T.1 de Johan Héliot

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Quatrième de couverture : 

L’ambitieux lieutenant de frégate Baptiste Rochet présente au jeune Louis XIV une étrange météorite sphérique, rapportée de son dernier périple en mer. Médusé, le mathématicien et penseur Blaise Pascal y trouve alors une terrifiante source d’inspiration. Ses découvertes bouleverseront à tout jamais le destin du Roi-Soleil et de son royaume, ainsi que les vies d’une fratrie tentant d’échapper à la misère et impliquée bien malgré elle dans les drames à venir.
Nobles comploteurs, inventions géniales de Pascal, imprimeurs libellistes, malfrats sans pitié de la cour des Miracles et mousquetaires désenchantés peuplent le théâtre d’un monde sur le point de basculer dans un Grand Siècle futuriste, entre ombre et lumière, entre la terre et les étoiles. Johan Heliot signe avec cette nouvelle grande trilogie uchronique une fresque ambitieuse et passionnante qui interroge la grande histoire, le pouvoir de la science et les vies tourmentées de personnages inoubliables.

Editeur : Mnémos

Nombre de pages : 300

Prix : 19,00€

Date de publication : 18 Mai 2017

Mon Avis : 

Au départ, il n’était pas du tout prévu que je prenne un exemplaire pour moi de Grand siècle, aux Imaginales. En effet, je souhaitais le faire dédicacer et l’offrir à une amie passionnée par le XVIIème siècle et les littératures de l’Imaginaires. Puis ayant assisté à deux conférences avec Johan Héliot, j’ai trouvé l’auteur tellement passionnant qu’au moment de la dédicace, j’ai craqué et j’ai pris un second exemplaire pour moi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce roman est un OVNI littéraire!

En 1654, l’Enfant-Roi Louis XIV a seize ans et est encore soumis à l’autorité de son parrain, Mazarin et de sa mère Anne d’Autriche qui assure la Régence. Mais, un évènement inattendu va précipiter son indépendance. Mazarin est loin de s’imaginer qu’il a lui-même fait entrer le loup dans la bergerie quand il présente au Roi, le jeune lieutenant de frégate, Baptiste Rochet. Ce dernier était en mer lorsqu’il a vu s’abîmer sur les flots un objet pour le moins étrange : une sphère tombée du ciel et assez légère pour flotter à la surface. Subtilisant l’étrange objet qui semblait communiquer avec lui, il décida de l’emmener à Paris pour la présenter au Roi et ainsi faire sa Fortune. Louis le Quatorzième très impressionné fait alors du marin son conseiller en sciences occultes au grand dam de Mazarin. Plus que cela, le Roi a de nouvelles lubies et décident de partir conquérir les étoiles…

Une uchronie bien perchée…

Le point de rupture se situe en 1654 lorsque Baptiste Rochet présente à Louis XIV une étrange sphère qui fait apparaître des visions célestes à celui qui l’approche. En réalité, il s’agit d’une entité intelligente extraterrestre qui se nomme elle-même UEC (Unité d’Exploration Conscientisée) et qui serait tombée sur la Terre par erreur. Elle essaye alors de communiquer avec les Humains pour les influencer et faire évoluer leur technologie plus rapidement. Son but : retourner chez elle.

Louis XIV décide donc de partir à la Conquête de l’Espace, persuadé que ces voyages stellaires seront une grande source de richesse pour le Royaume de France. Et pour cela, il procède par étapes :

– Il reprend les rênes du pouvoir et proclame son indépendance vis à vis de sa mère et de son parrain, Mazarin.

– Il fait augmenter les impôts, ce à quoi le Parlement s’oppose. Louis XIV décide donc de passer en force et proclame devant les Parlementaires, cette citation :

L’Ether, c’est moi! (P.92)

[L’Ether était le mot utilisé à l’époque pour désigner l’Espace.]

Vous l’aurez compris, c’est une manière pour Johan Héliot de détourner la fameuse citation de Louis XIV, « L’Etat, c’est moi » signifiant aux Parlementaires qu’il est au-dessus d’eux et qu’ils lui doivent obéissance.

– Il fait créer l’Académie de l’Ether et nomme à sa tête l’un des plus grands scientifiques de l’époque, Blaise Pascal. Le mathématicien découvre alors une nouvelle source d’énergie qui s’apparente à l’électricité, l’effluvine et fait faire un bond en avant de deux siècles à la technologie.

…finement ciselée…

Dès les premiers chapitres, j’ai été happée par le récit pour deux raisons :

– le style d’écriture fluide et travaillé de Johan Héliot. J’ai conscience que cela ne plaira pas à tout le monde mais pour ma part, j’adore lorsqu’un auteur utilise un vocabulaire spécifique à un contexte historique même s’il peut apparaître complètement désuet aujourd’hui. Cela me plonge directement dans l’ambiance. Je citerai par exemple l’emploi de la « vinaigrette » qui était une chaise à porteurs fermée et dans laquelle la personne assise était horriblement secouée.

– la reconstitution soignée du contexte historique. Alors là, c’est le GROS point fort du roman. Cela se sent que Johan Héliot s’est documenté en Histoire culturelle et des mentalités car il a distillé ça et là quelques petits détails qui épaississent son récit. Par exemple, dans les premiers chapitres, on suit la Famille Caron originaire de Lorraine. Ils ne s’émeuvent pas beaucoup de la disparition de leur père car à l’époque, la mort était tellement présente que les individus s’attachaient peu à leur proche. De plus, quarante ans était aussi considéré comme un âge vénérable car non seulement le taux de mortalité était très important mais les conditions de vie étaient également très difficiles.
Pour la ville de Paris, Johan Héliot montre que la configuration urbaine de la capitale était différente d’aujourd’hui : les ponts et les quais étaient recouverts de boutiques (un peu à l’image du Ponte Vecchio à Florence), les métiers étaient regroupés par quartier (la Rue Saint Jacques pour les imprimeurs) et la discrimination était horizontale (comme aujourd’hui, certains quartiers étaient pauvres tandis que d’autres étaient plus riches). La ville était bruyante, sale, sans égouts, dangereuse et encombrée ce qu’arrive parfaitement à reconstituer l’auteur.

…mais avec quelques petits défauts.

Bien que j’ai beaucoup apprécié ma lecture, quelques petits défauts m’auront fait passer à côté du coup de coeur :

– la présence impromptue de l’UEC. Le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne m’attendais pas du tout à ce que la fameuse sphère extraterrestre intervienne directement dans le récit, donnant un côté SF au texte. Si le ton est véritablement humoristique et décalé (l’UEC est égocentrique et méprisante vis à vis de l’espèce humaine), j’avoue que ce côté WTF m’a un peu sortie du roman quelquefois.

Attention SPOILER : un des personnages est condamné à mort et fait l’objet de la première exécution par l’emploi de l’effluvine (ce qui n’est pas sans rappeler celles de la chaise électrique). Or, les dommages qu’il a reçus m’ont semblé irréversibles. Mais Johan Héliot le fait survivre ce que je n’ai pas trouvé très crédible.

En conclusion, le premier tome de la Trilogie Grand Siècle m’a beaucoup plu. L’alternance des personnages (vous connaissez maintenant mon amour du roman-choral), le style fluide et immersif ainsi que le contexte historique documenté m’auront complètement convaincu malgré un petit côté WTF parfois un peu trop prononcé. Cela ne m’empêchera pas toutefois de lire la suite car les tomes 2 et 3 sont déjà en commande dans ma librairie préférée!

Autres Avis : 

Blackwolf

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11 commentaires

  1. Avis totalement partagé ! J’ai aussi eu un peu de mal avec l’entité extraterrestre mais ça s’améliore dans les tomes suivants qui sont très bien aussi (même si j’ai eu un peu de mal avec les trop longues ellipses temporelles qui déconnectent un peu du sort des personnages). J’ai hâte de lire ton avis sur Chevauche-brumes maintenant 😉

    Aimé par 2 personnes

    • Pour ma part, les ellipses temporelles ne m’ont pas trop dérangée mais c’est vrai que l’UEC est un peu WTF. Tant mieux si ça s’améliore par la suite. Pour Chevauche-brumes, j’ai commencé aujourd’hui. J’aime bien le début, ça me fait penser un peu à l’Armée romaine. Je ne sais pas si cela va continuer mais j’aime bien.

      Aimé par 1 personne

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