La fin des étiages (Tome 2) de Gauthier Guillemin

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Quatrième de couverture : 

On l’appelle le Voyageur. Il a quitté le village de son épouse, Sylve, pour honorer une dette ancienne, pour retrouver les mers et les océans depuis trop longtemps perdus. Et il a disparu. A-t-il été capturé ou tué par les Fomoires, s’est-il égaré, continue-t-il son voyage vers les rivages ? Au village, nul ne le sait. Neuf mois après le départ de l’homme qu’elle aime, trop inquiète pour rester sans rien faire, Sylve décide de partir à sa recherche, d’affronter une forêt où les merveilles se disputent aux dangers.
Depuis qu’il a posé ses valises, Gauthier Guillemin est directeur adjoint de collège. Dans La Fin des étiages, qui fait suite à son premier roman, Rivages, il nous emmène encore plus profondément dans le Dômaine et nous fait découvrir la capitale des Nardenyllais. Là, commence à réapparaître une technologie qu’il aurait sans doute mieux valu laisser dans l’oubli.

Editeur : Albin Michel Imaginaire

Nombre de pages : 360

Prix : 18,90€

Date de publication : 1er Juillet 2020

Mon Avis :

Juste avant le début du confinement, j’ai eu le plaisir de recevoir dans ma boite aux lettres La fin des étiages de Gauthier Guillemin qui fait suite à Rivages. Je remercie donc les éditions Albin Michel Imaginaire pour cette surprise. Si j’avais bien aimé le premier tome pour son côté certes introspectif mais très poétique, j’avoue que j’ai été moins séduite par la suite.

Cela fait neuf mois que le Voyageur est parti du village pour trouver la mer et ses rivages. Son épouse Sylve a pu suivre l’itinéraire de son mari sur une carte, grâce à la magie, toutefois, son immobilisation depuis deux semaines au même endroit commence à l’inquiéter. Elle décide alors de partir à sa recherche.
Quentil a lui aussi quitté le village en même temps que le Voyageur mais pas dans la même direction. Au contraire, il a suivi ses amis nains pour découvrir les Montagnes  d’argent puis il a fait route seul vers la cité de Nar-I-Nadin où vivent les Nardenyllais. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il arrive à bon port et découvre les dernières technologies très étonnantes de ce peuple! Il décide alors de rester un peu de temps sur place pour en apprendre plus sur eux et se fait embaucher par le service d’entretien des égoûts de la ville. Mais, au moment où il s’attend le moins, il est attaqué par des Fomoires…

Un rythme très déséquilibré…

Dans le premier tome, j’avais déjà trouvé quelques longueurs mais rien de dramatique non plus : au contraire, ce petit côté contemplatif m’avait plutôt plu. En revanche, j’ai eu beaucoup plus de mal avec ce second tome : arrivée au milieu, je me suis même demandée si je n’allais pas abandonner. J’ai donc décidé de lire les chroniques de blogopotes (chose que je ne fais jamais avant de finir un roman et d’écrire une chronique) pour savoir si cela valait la peine de continuer. Lorsque j’ai lu que certains d’entre eux avait trouvé aussi la première partie un peu longue mais que ce n’était plus le cas dans la seconde, j’ai pris la décision de poursuivre et de finir ma lecture. Malheureusement, je n’ai pas réussi à accrocher : si la première partie comporte pas mal de longueurs (on suit les péripéties de Quentil à Nar-I-Nadin), j’ai trouvé au contraire la seconde trop précipitée, les évènements s’enchaînant de manière trop rapide.

… pour une Fantasy teintée de steampunk classique…

Le premier tome débutait de manière plutôt originale et s’inscrivait dans la Fantasy post-apocalyptique. Je n’en avais jamais lu et j’avais beaucoup apprécié cet aspect. Dans le second tome, l’auteur mélange de nouveau les genres :
La Fantasy tolkiennienne : plusieurs peuples se côtoient dans le Dômaine et ont de fortes ressemblances avec ceux présents dans la Terre du Milieu. Ainsi, les Ondins ressemblent à des Elfes sylvains, ils vivent en harmonie dans la forêt et pratiquent la magie. Les Nains proviennent des Montagnes d’argent où ils sont mineurs et des guerriers redoutables. Quant aux ennemis des Ondins, les Fomoires, ils s’apparentent à des Orcs.
En revanche, je rejoins complètement FeydRautha de l’Epaule d’Orion lorsqu’il oppose le diptyque de Gauthier Guillemin au Seigneur des Anneaux (d’ailleurs, le dernier chapitre finit sur une citation de Tolkien) : effectivement, le fameux roman de l’auteur britannique finit sur le départ des Elfes de la Terre du Milieu et l’avènement des Hommes alors que dans le diptyque de Gauthier Guillemin, c’est l’inverse. Nous sommes dans une Fantasy post-apocalyptique dans laquelle les Hommes sont en déclin et ce sont les Ondins qui prennent leur essor et achèvent leur quête en s’installant au bord de la mer.
Le côté steampunk : il intervient essentiellement dans la cité de Nar-I-Nadin. Cela se ressent non seulement dans la description des machines et de leur esthétique (présence de rouage, cuivre, tuyaux, etc…) mais aussi par l’énergie principalement utilisée : la vapeur. Cette nouvelle technologie semble très récente et développée par les savants de l’île. Ainsi, lorsque Quentil débarque sur le port, il découvre une machine de transport fonctionnant à la vapeur et capable de transporter des matériaux lourds ; il en est de même pour l’Avaleur de mangroves sur lequel je reviendrai dans la troisième partie.

… mais qui aborde des thématiques environnementales.

La fin des Étiages semble partager avec Le Seigneur des Anneaux les mêmes préoccupations environnementales. Tolkien était technophobe et farouchement opposé à leur emploi industriel car selon lui le développement de ces technologies avait de désastreuses conséquences sur la nature : par exemple, dans Le Seigneur des Anneaux, les forêts de l’Isengard sont détruites par Saroumane pour alimenter ses forges en combustible et permettre ainsi la fabrication d’armes de guerre.
Dans le roman de Gauthier Guillemin, j’ai eu cette même impression : les technologies développées par les Nardenyllais possèdent une connotation négative. Ce peuple perdu au milieu du Dômaine, cherche lui aussi à retrouver la mer. Plutôt que d’utiliser la magie pour parcourir les distances (soit en se déplaçant d’arbre en arbre comme le faisait le Voyageur ou les seuils récemment découverts par les Fomoires en utilisant les pierres), ils ont recours aux technologies, ce qui n’est pas sans conséquence humaine ou environnementale :
– Les aérostats, sortes de dirigeables, tentent de se frayer un chemin dans la forêt en passant par les airs. Malheureusement, ils sont attaqués par les drées et malgré la victoire des Nardenyllais sur une de ces créatures volantes, une catastrophe détruit complètement un quartier de leur cité.
– L’Avaleur de mangroves est une immense machine dernier cri et fonctionnant à la vapeur. Elle a pour vocation de creuser un chemin directement dans la forêt pour rejoindre les rivages. On imagine aisément la destruction de l’éco-système.

En conclusion, La fin des étiages est complètement différent de Rivages et malheureusement, j’ai beaucoup moins accroché à cette suite en raison de son rythme déséquilibré (entre une première moitié très lente avec beaucoup de longueurs et une seconde au contraire trop rapide). De plus, bien que ce roman s’inscrive de manière bienvenue dans les préoccupations environnementales actuelles, pour ma part, je ne partage pas ce point de vue de faire des technologies quelque chose de foncièrement négatif. Si on ne peut nier leur rôle crucial dans la crise écologique actuelle et l’épuisement des ressources, je pense au contraire que les solutions peuvent être apportées par les technologies notamment celles qui mobilisent les énergies renouvelables. Reste l’inspiration tolkiennienne qui a pendant longtemps conditionné mes lectures ; aussi, l’inversion des codes du Seigneur des Anneaux était au contraire une idée plutôt originale.

Autres avis : 

Célindanae

L’Epaule d’Orion

Les Chroniques du Chroniqueur

Xapur

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