La chose (The Thing) de John W. Campbell

Quatrième de couverture : 

En Antarctique, quelque part. Enfoui sous la glace, aux abords d’un artefact aux allures de vaisseau spatial, des scientifiques découvrent un corps congelé — gisant là, sans doute ; depuis des millions d’années. Un corps résolument inhumain. Résolument… autre. Le choix est alors fait de ramener la stupéfiante découverte à la station pour étude. Doucement, la gangue de glace autour de la créature commence à fondre, libérant peu à peu cette totale étrangeté à l’aspect terrifiant.
Et les questions de traverser l’équipe de chercheurs : qu’est-ce que cette chose ? Comment est-elle arrivée là ? Et après tout, est-elle seulement morte ? N’ont-ils pas mis au jour la plus épouvantable des abominations — une horreur proprement cosmique ?

Editeur : Le Bélial – Collection Heure-Lumière

Nombre de pages : 118

Prix : 9,90€

Date de publication : 5 Novembre 2020

Mon Avis : 

Je continue ma découverte de la collection Heure-Lumière chez le Bélial avec leur dernier titre paru en novembre : La chose de John W. Campbell. Le titre original The Thing vous dira peut-être quelque chose car cette novella datant de 1938 a été adaptée au cinéma par John Carpenter en 1982. Pour ma part, je ne l’ai pas encore vu mais je me laisserai bien tenter. La novella originale quant à elle m’aura bien plu.

En Antarctique, une expédition composée essentiellement de scientifiques fait une étrange découverte. En effet, le Pôle Sud magnétique semble avoir été quelque peu altéré par une source secondaire. Mais, si les membres de l’équipe s’attendaient à découvrir une météorite ou une montagne magnétique, il en est tout autre. En effet, c’est un vaisseau spatial enfoui sous la glace qui est à l’origine du petit dérèglement. L’appareil semble s’être écrasé dans cette partie du monde il y a vingt millions d’années et l’impact aurait tué tous les occupants sur le coup, sauf un retrouvé à dix pas à proximité. C’est ce dernier que l’équipe décide de rapatrier à la station pour l’étudier. Mais, les membres ne sont pas tous d’accord pour dégeler la créature, cette chose : et si, elle reprenait vie après tout ce temps passé dans la glace? Et si, elle transportait avec elle des bactéries ou un virus qui pourrait s’avérer être dangereux pour l’Homme?

Un classique de la Science Fiction qui possède…

La majorité des novellas publiées dans la Collection Heure-Lumière sont des textes assez récents. Aussi, lorsque j’ai commencé à lire la quatrième de couverture sur une expédition scientifique au Pôle Sud qui avait découvert un extraterrestre, la première chose que je me suis dite : « Mais, ce n’est pas un peu éculé comme sujet ça? ». Oups! Lorsque j’ai vu la première date de parution (1938), je me suis sentie un peu bête car en réalité, c’est un classique de la Science Fiction que le Bélial a décidé de remettre au goût du jour. Si La Chose n’est pas un texte inédit en France, en revanche, cette édition bénéficie d’une nouvelle traduction de la part de Pierre-Paul Durastanti.

La Chose a également donné lieu à trois adaptations cinématographiques : La chose d’un autre monde en 1951, The Thing en 1982 et The Thing en 2011 (qui est un préquel). Et il aurait aussi inspiré d’autres œuvres comme Alien de Ridley Scott en 1979 ou un épisode de la saison 1 d’X-Files, Projet Arctique. Pour ma part, je rajouterai aussi deux lectures récentes : Terreur de Dan Simmons même si le récit se déroule au XIXème siècle et en Arctique et Le Volcryn de GRR Martin.

… un univers horrifique et efficace…

Le récit de La Chose se déroule essentiellement en huis-clos. Cela pourrait apparaître antinomique avec un lieu géographique comme l’Antarctique car on aurait tendance à s’imaginer de grandes étendues de terres gelées brillant sous un soleil éclatant. En réalité, il en est tout autre car une violente tempête de neige isole les trente-sept membres de l’expédition et les oblige à vivre à l’abri sous terre, un mètre au-dessous de la surface.

La présence de la créature emprisonnée dans sa gangue de glace met également mal à l’aise : de par son aspect effrayant mais aussi parce que l’on ne sait pas si elle pourrait représenter une menace pour les membres de l’équipe si on la dégèle.

Dans la pièce, tout le monde se figea. La créature gisait sur la table en bois grossier tachée de graisse. La lame brisée de la hache de bronze restait fiché dans le crâne étrange. Trois yeux fous remplis de haine brillaient d’un feu intérieur, aussi rouge que du sang frais au milieu d’une figure qu’entourait, au lieu de cheveux, un horrible nid de vers bleus gigotant. (P. 32).

Et la récit va crescendo jusqu’au dénouement de la novella car dans leur refuge humide, froid et sombre, les membres de l’équipe commencent à sombrer dans la paranoïa. Reste à savoir s’ils ont tort ou raison?

… tout étant très moderne pour l’époque.

Un autre aspect de La Chose qui m’a beaucoup surprise, c’est la modernité du texte notamment sur les connaissances scientifiques. L’auteur John W. Campbell semble s’être beaucoup documenté pour donner corps à son texte et le rendre crédible :

  • A l’époque à laquelle la novella a été publiée, cela fait moins de trente ans que le Pôle Sud géographique a été exploré pour la première fois (expédition norvégienne conduite par Roald Admunsen en Décembre 1911).  Or, dès les premières pages de la novella, John W. Campbell donne des indications précises sur l’Antarctique, notamment sa géographie, sa géologie et sa météorologie.
  • Lorsque les membres de l’équipe doivent voter pour savoir si l’on doit dégeler la créature pour l’étudier ou non, chaque camp donne ses arguments et font appel à leurs connaissances en biologie pour mener leur joute verbale :

Le problème, c’est eux. Blair veut étudier la chose. La dégeler, prélever des échantillons, et ainsi de suite. Contrairement à lui, Norris doute que ce soit sans danger. (…)
Voilà le point spécifique que soulève Norris : une fois dégelées [les espèces microscopiques], elles reprennent vie. Il y a des chances que, comme toutes celles que nous connaissons, cette créature abrite des microorganismes. Les réchauffer au bout de vingt millions d’années risque selon lui de libérer un fléau – une affection microbienne inconnue sur Terre. 
Blair admet que ces microorganismes pourraient garder la capacité de se ranimer. Des formes simplistes telles que les cellules, une fois gelées à coeur, conservent leur potentialité vitale durant des périodes indéfinies. La bête même est aussi raide que les mammouths retrouvés enfouis dans le sol glacé en Sibérie. » (P. 25-26).

En conclusion, le Science Fiction Writers of America a qualifié la novella La chose de « L’une des meilleures novellas de Science Fiction jamais écrites ». Pour ma part, je n’irai pas jusque là car justement le fait que ce texte de Science Fiction ait atteint le statut de « classique », il avait un petit air de « déjà-vu ». Mais, il convient de reconnaître que son univers oppressant efficace ainsi que son récit très moderne ont inspiré par la suite de nombreuses adaptations cinématographiques ou de nouvelles œuvres littéraires. Et rien que pour cela, ça vaut la peine de découvrir cette novella!

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12 commentaires

  1. « rien que pour cela » : je suis d’accord avec toi.
    Pour le reste, moins car je l’avais trouvé assez vieillot tout de même, avec une bête pas très intelligente. (lu dans son ancienne trad)
    Mais si on vaut voir les films, il faut la lire.

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