Les secrets du premier coffre de Fabien Cerutti

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Quatrième de couverture : 

Six histoires hautes en couleur dans le monde du Bâtard de Kosigan !

Avec ce coffre empli de trésors littéraires, Fabien Cerutti propose six textes qui enluminent ou permettent de découvrir l’univers de sa série à succès Le Bâtard de Kosigan. Avec un récit de la jeunesse gouailleuse du Bâtard en Italie, une pièce de théâtre truculente à la cour d’Angleterre, un drame amoureux entre un pape et une satyre, un journal de voyage aux confins du monde en quête des elfes de Chine, et bien d’autres surprises encore, l’auteur nous émeut, nous surprend, nous fait frissonner, nous dépayse et nous emporte dans son imaginaire vif et attachant.

Editeur : Mnémos

Nombre de pages : 343

Prix : 23,00€

Date de publication : 12 Juin 2020

Mon Avis : 

J’avais découvert Fabien Cerutti à l’occasion d’une Soirée de l’Imaginaire dans ma librairie préférée et j’avais eu un véritable coup de coeur pour le premier tome de sa tétralogie du Bâtard de Kosigan (Il faut d’ailleurs que je lise les trois autres tomes cet été!). Aussi, quand les éditions Mnémos (que je remercie au passage ainsi qu’Estelle Hamelin) m’ont proposée ce service presse, j’ai accepté avec grand plaisir! Et bien m’en a pris car j’ai eu un véritable coup de coeur pour ce recueil de six nouvelles! En même temps, des textes qui se déroulent en Italie médiévale et au début de la Renaissance, tu m’étonnes que j’allais adorer!

Dans le château de Meaulnes, une bibliothèque secrète avait été découverte au XIXème siècle et recelait de livres non seulement inédits mais d’une valeur incommensurable. Malheureusement, un incendie a détruit la totalité de cet extraordinaire trésor excepté trois coffres heureusement sauvés et expédiés à des personnes de confiance à Paris et à Londres. Le premier de ces coffres contenait quatre manuscrits décryptés et réécrits par Elizabeth Hardy, dans les années 30 : ils se déroulent tous les quatre dans une période similaire allant du XIIème au XIVème siècle, en Europe Occidentale (Bourgogne et Italie) et en Orient, voire Extrême Orient. Elle a également rajouté deux autres textes : l’un est antique et le second serait une pièce de théâtre datant du XVIIIème siècle.

Un livre écrin…

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Avant de débuter ma chronique, je souhaitais mettre en avant le travail éditorial de ce recueil de nouvelles. Il est littéralement magnifique et de très bonne facture! Bien que les pages soient collées et non cousues (le tranchefile noir est présent uniquement en guise de décoration), la couverture est cartonnée et recouverte d’un tissu. Quant aux pages, elles sont épaisses et de bonne qualité et un signet en tissu noir permet de marquer la progression de sa lecture.
Sur le plat, des dorures stylisent la ferronnerie d’un coffre avec des motifs végétaux, un bestiaire imaginaire (têtes de dragon et peut-être de griffon) et le trou d’une serrure. Le livre objet joue donc lui aussi un rôle puisqu’il représente l’un des trois coffres sauvés de l’incendie de la bibliothèque.
Enfin, je terminerai sur les trois jolies cartes en couleur présentes dans le livre (dont la maquette est de Fabien Cerutti mais les dessins de Stéphane Arson) : une représentant la France aux XIIème-XIIIème siècles, une autre l’Italie à la même époque et enfin l’Asie et une partie de l’Afrique au XIVème siècle. Elles permettent non seulement au lecteur de suivre la géographie de l’intrigue mais apportent aussi un certain cachet à l’ensemble.

mettant en scène six textes aussi divers que variés.

Si certains craignent que ce recueil de nouvelles divulgue quelques éléments importants de la tétralogie du Bâtard de Kosigan, sachez qu’il n’en est rien. En effet, seuls deux textes mettent en scène Pierre de Cordwain, les autres en revanche se déroulent dans le même univers et ont pour but de l’étoffer. Trois des six sont inédits tandis que les trois autres ont déjà fait l’objet de parutions dans des anthologies mais ont été remaniés à l’occasion de cette nouvelle édition. Évidemment, tous ces textes sont fictifs mais j’ai beaucoup apprécié le fait que l’auteur s’inspire de réelles sources historiques ou d’œuvres littéraires pour leurs donner plus de « réalisme ».

Légende du Premier Monde

Au début du XIXème siècle, sur l’île de Santorin, l’archéologue Arthur John Evans (qui a réellement existé et a massacré le site de Cnossos! Oui, vous l’avez compris, je ne l’aime pas!) a retrouvé trente-deux tablettes d’ivoire gravées. Le texte décrypté met en scène une civilisation très avancée qui aurait vécu sur l’île d’Atalan’théis, située dans l’Océan Atlantique, il y a sept millénaires. Le personnage principal Dwerkin a été abandonné bébé et adopté par une famille noble de la ville d’Ys. Il aurait alors d’incroyables capacités liées aux végétaux. Jeune adulte, il se met au service d’un prodigieux inventeur qui vient de créer une toute nouvelle espèce végétale vivante…
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui vous l’avez deviné, s’inspire des légendes de l’Atlantide grecque et de la ville d’Ys du folklore breton, toutes deux noyées sous les eaux. Même si les personnages principaux (Dwerkin et Nikoleias Alékius, l’inventeur) ne me sont apparus très sympathiques, j’ai beaucoup aimé l’univers avec cette société tellement évoluée qu’elle serait à l’origine de nouvelles races comme les dragons, les sirènes, les Elfes ou les Orcs. Ce texte est un peu une Genèse de l’univers de l’auteur. Une suite devrait normalement être au programme car la fin est ouverte.

Ineffabilis Amor

A la fin du XIIème siècle, dans le Latium (région autour de Rome), vivait le jeune moine bénédictin Lotario dei Conti, di Segni au Monastère de l’Annunziata. Il y officiait en tant que copiste et enlumineur. Le jeune homme de dix-neuf issu d’une famille noble vivait alors une existence paisible jusqu’au jour où une rencontre va faire basculer son existence. En effet, une femelle satyre avait pris rendez-vous avec l’abbé Gondolfo pour négocier l’extension des terres du Monastère sur le territoire forestier des faunes. Lotario en tombe littéralement amoureux : obsédé par la jeune faune, il tente tout pour la revoir…
J’ai eu un énorme coup de coeur pour cette nouvelle qui reste ma préférée du recueil! Certes, je n’ai pas eu beaucoup de surprise quant à l’évolution de l’intrigue car si le nom de Lotario dei Conti ne me disait rien de prime abord, celui qu’il arborera plus tard, Innocent III est en revanche beaucoup plus connu. Fabien Cerutti s’est bien inspiré de la vie de ce fameux Pape en reprenant les évènements les plus connus de sa biographie et a incrusté une dimension fantastique, dans un contexte médiéval bien précis. Bref, une grande réussite!

Le crépuscule et l’aube

Au milieu du XIIIème siècle, le Saint Siège lance sa troisième croisade noire contre le peuple elfique, en Bourgogne. Alors que la Reine Entayama Soann Mëlindoë Silune sent sa dernière heure arriver sur le champ de bataille, elle charge l’une de ses guerrières, Nélisse Vélane d’une dernière mission. Elle doit se rendre en effet dans la ville de Dijon pour rencontrer Falco Matteoti, un artisan d’origine italienne. De La réussite de cette quête, dépendra alors la survivance du peuple elfique.
A l’origine, cette nouvelle faisait partie de l’Anthologie Fées et Automates des Imaginales 2016. Pour coller au sujet, Fabien Cerutti s’est inspiré du conte de Pinocchio mâtiné de steampunk. Pour ma part, si ce n’est pas mon texte préféré du recueil, je l’ai trouvé très plaisant à lire et émouvant.

Fille de joute

Au début du XIVème siècle, Pierre Kordwain de Kosigan fait ses premières armes en Toscane en tant que mercenaire. Sa compagnie est alors engagée par la ville de Sienne pour combattre sa rivale de toujours, Florence. Mais, la bataille tourne vite à la débandade et les Bourguignons se retrouvent en bien mauvaise position, abandonnés dans la campagne florentine. Tentant de rentrer à Sienne, ils découvrent le cadavre tout frais d’un noble de Ferrare. Ce dernier se dirigeait probablement vers la cité d’Impruneta pour participer à un tournoi. Voyant là un moyen non seulement de passer incognito au milieu des lignes ennemies mais aussi de se faire un peu d’argent, le jeune homme décide de revêtir l’armure du noble trépassé…
Il s’agit de mon deuxième texte préféré du recueil! Après discussion avec Célindanaë, le début de cette nouvelle serait inspirée du film Chevaliers de Brian Helgeland sorti en 2001 (je ne l’ai pas vu et mon troll me l’a bien vendu!) mais le tout début seulement car le récit diverge par la suite. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié la gouaille du narrateur, Keith Killarden, un mercenaire de la campagnie. Contrairement au texte Ineffabilis Amor, Fabien Cerutti prend beaucoup de libertés en ce qui concerne ses personnages historiques (notamment Dante et sa dulcinée Béatrice. Quant au banquier issue de la famille des Médicis, il a été inventé) mais peu importe! Il s’agit de Fantasy historique et je me suis bien amusée!

Le livre des merveilles du monde

Au milieu du XIVème siècle, le chevalier anglais Jehan de Mandeville est mandé en Extreme-Orient par la Comtesse elfe Catherine de Champagne afin de transmettre un message aux Elfes de Jade. Après de nombreuses péripéties, son périple dura plusieurs années avant qu’il atteigne enfin son but…
Cette nouvelle est inspirée du récit de voyage Le livre des merveilles du monde de Jean de Mandeville qui a réellement existé. Cette « source historique » est à prendre avec quelques pincettes car les historiens se posent toujours la question de savoir si le chevalier anglais est réellement allé ou non dans les contrées qu’il décrit. De plus, s’inspirant d’auteurs antiques comme Pline l’Ancien, il mentionne également l’existence de créatures fantastiques. Du pain béni pour Fabien Cerutti puisqu’il reprend cet aspect fantastique dans son texte! Si j’ai moins aimé ce dernier, en revanche, il m’a bien dépaysé et le contexte oriental change un peu.

Les jeux de la cour et du hasard

A la cour du roi Edward III d’Angleterre, les intrigues amoureuses vont bon train! En effet, l’ex-baronne Rowina de Penwortham est dans tous ses états : elle souhaitait se remarier avec le duc Brynmor de Lancaster mais il semblerait que ce dernier soit tombé sous le charme de la princesse Myrgraine. Or, le Roi a d’autres projets pour sa fille. Tous font alors appel à Pierre Cordwain de Kosigan pour trouver une solution…
Cette pièce de théâtre s’inspire du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux. Si au début, j’avais un peu peur de ne pas arriver à savoir qui parle (en effet, les personnages ne sont pas mentionnés au début de chaque réplique) finalement, le fait qu’il y ait peu d’intervenants dans chaque scène permet de relativement bien suivre. Je me suis bien amusée à lire cette pièce de théâtre car elle est pleine de quiproquos et de situations rocambolesques et la chute permet de mettre en valeur encore une fois la rouerie du Bâtard. Jubilatoire!

En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce recueil de nouvelles! Outre le fait que la majorité des textes s’inscrive dans un contexte historique et géographique qui me plaît (l’Italie médiévale et du début de la Renaissance), j’ai également beaucoup apprécié que Fabien Cerutti se soit inspiré de véritables sources historiques ou de personnages existants pour construire son univers imaginaire. Etant donné qu’il y a trois coffres, je veux bien découvrir le contenu des deux suivants! Et tant qu’on y est, je veux bien retourner en Italie aussi! 😉 Après, je dis ça, je dis rien!

Autres avis : 

Boudicca et Dionysos du Bibliocosme

Celindanaë

Elhyandra

Ombrebones

14 commentaires

  1. Bonjour Aelinel Ymladris, je me permets ce petit commentaire, bien tardif d’ailleurs, concernant les cartes de l’ouvrage. Si les maquettes sont bien de Fabien Cerutti, les réalisations sont de moi 🙂 ce qui me fait apprécier vos commentaires très positifs.

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